RESPECTUEUSEMENT. PIERRE DEMOULIERE

UN HOMME AU PARCOURS ÉTONNANT

« …J’ai pu expérimenter avec eux et d’autres familles brésiliennes le vivre nus : cela m’a enthousiasmé par son aspect liberté, respect de la nature et respect des autres ; on ressent dans la nature une plus grande proximité de Dieu ou des forces spirituelles. Dieu est Vie. Libéré de tout à Massarandupio, j’ai commencé à écrire et j’aime y faire des séjours de temps en temps. Malheureusement, le nombre de personnes qui adhérent à cette philosophie est une minorité. Malheureusement aussi dans cette minorité peut se glisser l’un ou l’autre qui cherche dans le nudisme le plaisir égoïste de la sexualité. Au Brésil, par Internet, nous avons un bon groupe de chrétiens naturistes qui abordent le sujet et font connaître le naturisme, groupe qui a été lancé par un pasteur baptiste… ».

L’auteur de ces lignes, Pierre DEMOULIERE, est décédé au Brésil, début Janvier 2009, peu après avoir fêté ses 78 ans. Elles sont extraites d’un manuscrit non édité, confié à quelques-uns, « Le soumis libéré », qui retrace son parcours personnel et spirituel, mais qu’il ne voulait pas nommer « autobiographie ». Pierre Demoulière a vraiment eu une vie hors du commun.
Entré au séminaire, il devient vicaire en 1958 dans une commune de la banlieue d’Orléans (45), y reste 8 ans, puis décide de partir comme prêtre-ouvrier au Brésil, à l’âge de 34 ans. Quelques années après, il devra choisir entre la religion et son statut d’ouvrier, pressé par des autorités ecclésiastiques qui soutiennent la dictature militaire, et restera ouvrier. C’est là pour lui que commencent sa libération, et l’apprentissage de nouvelles vies et de nouveaux métiers, tel celui d’agents de voyage, et la découverte du naturisme à la plage de Massarandupio, dont il deviendra responsable.
Parallèlement, il s’investira beaucoup pour sauver de la misère les enfants des rues, action qu’il racontera à l’aide de témoignage dans un ouvrage publié en France aux éditions Bénévent en 2007, « Gosse de rue, tu es aimé ».

Pierre Demoulière n’était pas membre de fait d’Imaginat, mais aurait pu facilement en rejoindre l’équipe… Voici, pour conclure, l’un de ses poèmes, qui nous concerne directement.

VÊTIR et DÉVÊTIR

Dévêtir le vieil homme
Revêtir l’homme nouveau
Depuis des millénaires
L’homme a perdu ses plumes ou ses poils
Et le froid nous afflige
Le vêtement est notre protection
Mais il est devenu aussi décoration
Un objet d’art et de présentation
Avec la mode et le qu’en dira-t-on
Le vieil homme a aussi revêtu la convenance
L’orgueil, l’hypocrisie, la concurrence
Et société de consommation
L’homme n’est plus le même dans ses relations
Par ses vêtements il est étiqueté
Alors quand nous pouvons
Dépouillons le vieil homme
Osons être nous-mêmes
Nus comme au jour de naissance
En compagnie de nos frères dans le même idéal
Vivons la simplicité et la sincérité entre nous
Libérons-nous de tous les préjugés
Des tabous et vieilles habitudes
Vivons en harmonie avec la nature
Et avec nos semblables
Revêtons l’homme nouveau
Baignés par le soleil
Caressés par la brise du vent
Revêtons la patience des arbres
La pureté de l’eau du ciel
Et des rivières
L’énergie des éclairs et du tonnerre
La liberté des oiseaux
Le murmure de la source
La joie d’être
La joie de vivre
Soyons des vrais naturistes.

Pour lui rendre hommage, Imaginat dédiera, en Mai 2009, son Renc’Arts Nus au Domaine de la Sablière, à Pierre DEMOULIERE.

En souvenir, sur Ensemble pour soutenir les projets et programmes en faveur des enfants de la rue vous pourrez lire l’annonce du décès de Pierre DEMOULIERE et les actions de son association AMARRES à Salvador de Bahia du Brésil.

Envoyé par Jean-Luc

Illustration : Couverture « Le soumis se libère » Pierre DEMOULIERE